Après
des années à tenter de reproduire la gestuelle fluide et élégante du Tsar
Alexander Popov, double champion olympique des 50 et 100 m nage libre en 1992
et 1996, voilà que les hors-bords des bassins développent désormais une
technique du bras tendu pour affoler les chronos.
C’est
un fait, les meilleurs sprinters de la planète s’emploient désormais à imiter
les pales des moulins à eau. Pas forcément esthétique, mais diablement
efficace. Ainsi, et dans le sillage d’un Fred Bousquet qui fut longtemps l’unique
dépositaire de cette technique, ils sont dorénavant une majorité à privilégier
la puissance des bras tendus aux bras cassés. « Il y a quelques
années, on me reconnaissait tout de suite quand je nageais un 50 m alors que
désormais, ils me copient tous », s’amuse Bousquet. « J’aurais
dû déposer un copyright... Cela m’étonne un peu parce que je n’ai jamais eu une
nage académique alors que l’on s’en inspire aujourd’hui, ça me flatte. Il y a
quelques années, on me trouvait loufoque et voilà que tout le monde se met à
nager bras tendus, c’est bizarre. »
Bizarre,
mais pas franchement surprenant à en croire le champion olympique du 50 m,
Florent Manaudou : « On peut nager très vite en développant un gros
braquet, à condition d’avoir les épaules solides. Mais avec quelques séances de
musculation ciblées, c’est jouable. J’ai tardé avant de maîtriser cette
technique, et puis c’est venu en finale des Jeux, au bon moment
(sourire). »
Une
technique que Fred Bousquet a, lui, importé des Etats-Unis, où il s’est
longuement entraîné. « C’est un geste que j’ai développé par
hasard », confie le tatoué. « Lors de ma première année à
l’Université d’Auburn, Dave Marsh m’a demandé de réaliser un sprint bras
tendus. Quand j’ai eu fini, il m’a demandé si j’étais en dos ou en crawl. Je
suis tellement laxe au niveau des épaules que la différence n’était pas
visible. Du coup, il m’a proposé de travailler cette technique. »
« C’est
une technique très efficace sur 50 m nage libre », commente de son
côté Fabien Gilot. « Je l’avais testé lors des championnats d’Europe
de Budapest en 2010, où j’avais raté la qualification sur 100 m. En quelques
mois, j’avais réussi à signer 21’’72 pour décrocher une médaille (l’argent dans
le sillage de Fred Bousquet, champion d’Europe, ndlr). C’est une nage qui
développe beaucoup de puissance et qui demande énormément de travail
spécifique. Pour moi, c’est l’Australien Michael Klim qui l’a véritablement
lancé. A l’époque, son entraîneur russe, Gennadi Touretski, lui avait soufflé
qu’il devait développer sa propre technique et ne plus se contenter d’imiter
les autres sprinters, notamment Popov que beaucoup tentaient de copier. Ça peut
être efficace sur 100 m, mais à condition de disposer d’un physique puissant.
Je pense, par exemple, que cela conviendrait bien à Florent (Manaudou). Tout
dépend de la force naturelle que l’on est capable de développer. »
A. C.
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