Doyenne
de l’équipe de France d’eau libre qui s’alignera aux championnats du monde de
Kazan, Aurélie Muller (25 ans) a accepté de nous révéler ses ambitions ainsi
que les coulisses de sa discipline. Immersion.
A
quelques jours des Mondiaux, dans quel état d’esprit es-tu ?
Je suis
très concentrée car je sais que je peux réaliser quelque-chose de grand.
L’année n’a pas simple à gérer, notamment parce que j’ai passé six mois au
Canada avant de rejoindre Philippe Lucas à Narbonne, mais je me sens bien, en
forme et confiante… En fait, je n’ai jamais nagé autant dans ma carrière, donc
physiquement, je me sens vraiment forte !
Comment
gère-t-on la période dite « d’affûtage » en eau libre ?
C’est
toujours compliqué parce qu’on est en phase de transition. Il faut s’écouter,
être attentif aux informations que nous livre notre organisme, mais sans se
laisser envahir par la pression de la compétition. C’est délicat, mais après
quelques années, on finit par trouver son équilibre (sourire)…
Rappelons,
à ce titre, que tu disposes d’une solide expérience (Aurélie est notamment
vice-championne du monde 2011 du 5 km, ndlr). Est-ce un atout supplémentaire
dans la perspective des Mondiaux de Kazan ?
Forcément !
Cela fait dix ans que je fais de l’eau libre, dix ans que j’enchaîne
championnats du monde et championnats d’Europe. J’ai également disputé les Jeux
Olympiques de Pékin en 2008 (première apparition de l’eau libre aux JO,
ndlr), alors oui, cela constitue bel et bien un atout supplémentaire, mais rien
n’est joué à l’avance ! Chaque course d’eau libre est différente.
Depuis
tes débuts, qu’est-ce qui a le plus changé en eau libre ?
En
2008, le 10 km est devenu « la » course de la discipline ! C’est
une épreuve très difficile, une vraie guerre, mais de manière plus générale, je
dirais que tout a changé ! Aujourd’hui, Stéphane (Lecat, directeur de la
discipline à la Fédération Française de Natation, ndlr) soutien la
professionnalisation de notre sport. Rien n’est laissé au hasard et nous nous
appuyons sur un projet qui doit nous permettre de briller sur la scène
internationale.
Ton
statut de doyenne te confère-t-il une place particulière au sein de l’équipe de
France ?
(Elle
sourit) Non, pas vraiment… Je ne le prends pas comme ça. Si un nageur a
besoin d’aide ou de conseils, je suis disponible pour échanger, mais je n’en
prends pas l’initiative !
A titre
personnel, quelles seront tes ambitions à Kazan ?
Je vise
d’abord le top 10 sur le 10 km pour décrocher ma qualification pour les Jeux
Olympiques de Rio. Mais je suis une athlète de haut niveau qui ambitionne
d’être la meilleure, donc je vise le podium (silence)… mais je ne suis pas
de nature à faire des pronostics. D’autant qu’en eau libre, comme je l’ai déjà
dit, tout peut arriver ! En 2011, à Shanghai, je termine à un centième de
la troisième place. Comme quoi, ça tient à peu de choses…
Les
Jeux de Rio semblent être déjà très présents dans les esprits des nageurs
tricolores. Peut-on décemment considérer que les Mondiaux de Kazan seront une
répétition grandeur nature des JO brésiliens ?
Forcément,
même si aux Jeux nous ne serons que 25 concurrentes (contre plus de 40 à Kazan,
ndlr). Il faut comprendre que toutes les compétitions que nous disputons avant
les Jeux nous permettent de nous projeter vers cette épreuve, d’emmagasiner de
l’expérience et de répéter nos gammes.
N’est-ce
pas paradoxal de « répéter ses gammes » en eau libre en sachant,
comme tu le disais précédemment, que « tout peut arriver » ?
En
réalité, il ne s’agit pas de modéliser une course type sur 10 km… C’est de
toute façon impossible ! Non, il s’agit d’accumuler de l’expérience, bonne
ou mauvaise, et de savoir réagir dans toutes les situations, sans tergiverser
ou perdre de précieuses secondes.
Recueilli
par A. C.
No comments:
Post a Comment