Muriel Hermine a dominé la natation synchronisée
européenne dans les années 1980 en remportant notamment quatre couronnes
continentales. Agée
de 50 ans, la sirène a décidé de replonger pour conquérir un titre aux
championnats du monde des maîtres de Kazan, histoire de montrer que les années
n’entament pas la motivation ou la concrétisation de projets personnels forts
et précieux. Objectif atteint ! Muriel est même la seule athlète de la
compétition à franchir la barre des 80 points (81,8875 unités).
Qu’est-ce
qui vous a poussé à replonger ?
J’ai
décidé de revenir à la compétition parce que c’était cohérent avec mon travail
de coach en entreprise et de conférencière. En effet, j’interviens de plus en
plus devant des managers, des cadres et des dirigeants démotivés et en profonde
réflexion sur eux-mêmes et leur avenir. Je défends l’intime conviction qu’une
nouvelle vie commence à partir de 45/50 ans, dans laquelle l’épanouissement de
la personne et les capacités à relever de grands défis trouvent toujours leur place.
C’est pour prouver que ce que je dis est vrai que j’ai repris la compétition.
Quel a
été l’événement déclencheur ?
C’est
cette hernie discale, contractée l’an dernier, qui m’a contrainte à replonger
pour tenter d’éviter l’opération et apaiser la douleur.
Quelle
était, au départ, l’ambition ?
C’est
plus une ambition sociétale que sportive, en fait. L’idée n’était pas de
montrer que l’on peut « rester », mais plutôt que l’on peut gravir
sans cesse et sans limite d’âge, les montagnes de nos rêves.
De quelle
manière s’est déroulée votre préparation ?
J’ai
repris tout doucement, en catimini, pour voir si j’en étais capable et comment
réagissait mon corps. Et lorsque j’ai senti que les sensations revenaient, que
la technique n’était pas loin, que mon corps répondait au-delà de mes
espérances, j’ai commencé à me dire que c’était possible. J’ai donc cherché à
m’entourer d’une équipe qui croirait en moi et qui pourrait m’aider à relever
ce grand défi.
Comment
avez-vous organisé votre vie pour relever pareil challenge ?
J’ai
regardé comment adapter ma vie, mon travail, ma famille, aux contraintes
inhérentes à ce projet ambitieux. Quelles étaient les choses auxquelles j’étais
prête à renoncer au moins temporairement pour trouver un nombre d’heures
suffisantes pour m’entraîner à la hauteur de mon ambition.
Qui
s’est occupé du maillot et qui a fait le choix de la musique et de la
chorégraphie ?
J’ai
fait le choix du Stabat Mater de Vivaldi car dès que j’ai entendu cette
musique, j’ai ressenti une émotion très forte. Le thème, la voix de Philippe
Jaroussky, l’intention de l’auteur… c’était vraiment la musique idéale pour
porter et sublimer mon message d’espoir. Ensuite, j’ai monté la chorégraphie
avec Françoise Noyer-Schuler, mon entraîneur fétiche. Enfin, j’ai cherché une
créatrice de maillots de synchro qui mettrait son talent au service du message.
C’est Marie-Laurence Tiberghein du Stade Français qui l’a réalisé.
Comment
décrirais-tu l’ambiance entre les quatre Françaises engagées dans les épreuves
de natation synchronisée des championnats du monde de Kazan ?
Je n’ai
jamais connu une ambiance aussi chaleureuse au sein d’une équipe
d’athlètes ! Avec l’âge, arrive la maturité et la compréhension que notre
vie ne dépend pas de l’obtention d’une médaille. Cela permet d’aborder la
compétition en y recherchant avant tout le plaisir. Jeune, l’envie de gagner
était telle que j’éprouvais peu ou pas de plaisir. Même l’obtention d’un titre
européen ne me remplissait pas de joie. Je n’étais jamais satisfaite !
Qu’as-tu
pensé de l’organisation des championnats du monde des maîtres ?
L’organisation
a été exceptionnelle ! Nous avons profité des infrastructures mises en
place pour la compétition des « jeunes » et de ce fait avons été
accueillis, encadrés et respectés comme de vrais athlètes.
Tu
réalises ton jubilé en septembre. Cela signifie-t-il que tu raccroches
définitivement le maillot et qu’on ne te reverra plus en maîtres ?
Très
probablement ! Je voulais incarner un message, une conviction. J’ai
atteint mon but et montré qu’à 50 ans, tout reste possible ! Pour moi continuer
n’a aucun sens. Je préfère mettre mon énergie ailleurs, même si je pense que
j’ai encore une marge de progression.
Recueilli
par Éric Huynh
FÉDÉRATION
FRANÇAISE DE NATATION
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