C’est
la grande tendance du moment, le nec plus ultra pour vaincre sa peur de
l’eau : participer à des cours d’aquaphobie ! La demande est telle
que l’offre explose. Parce que contrairement aux idées reçues, tout le monde ne
sait pas nager. Loin de là. Il y a ceux qui n’ont pas appris et les autres,
plus nombreux qu’on ne l’imagine, qui ont peur. Retour sur une angoisse de
terrien.
L’eau
est fascinante. Elle attire autant qu’elle effraie. Et si Le grand bleu de
Luc Besson a suscité des vocations, Les dents de la mer de Steven
Spielberg en ont refroidi plus d’un. Le noir des abysses, l’immensité des mers
et les tempêtes ne font rêver que les plus téméraires d’entre nous. Pour le
reste, quitter la plage pour nager jusqu’à la bouée qui flotte à une dizaine de
mètres de la rive constitue déjà un sacré exploit.
L’eau
est pourtant source de bien-être. Le bruit des vagues est relaxant, les bains
de mer régénérant et la piscine déstresse, mais qu’on le veuille ou non, nous
sommes des bipèdes. Certes, nous avons passé neuf mois dans le liquide
amniotique du ventre de notre mère, mais l’eau n’est pas notre élément naturel. « Il
est donc indispensable de l’apprivoiser », observe le psychologue
Daniel Zylberberg. Et comme souvent dans ce cas-là, chacun progresse à son
rythme, selon son ressenti. « La peur de chacun est unique, comme la
volonté. Il n’y a pas de méthode standard pour vaincre ses angoisses », confirment
Eric Profit et Patrick Lopez en préambule de leur ouvrage Vaincre la peur
de l’eau.
Etrangement, beaucoup d’hydrophobes savent nager. Ils craignent surtout de perdre
leurs appuis plantaires. Dans l’eau, contrairement à la position terrienne
verticale, on adopte une position horizontale. Tous les contacts avec un
élément solide sont perdus, on ressent alors de nouveaux équilibres ou
déséquilibres qui peuvent se révéler perturbants. Sans le savoir, vous venez de
découvrir le principe d’Archimède : Tout corps plongé dans un fluide subit
une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du fluide
déplacé. Autrement dit, Archimède s’est rendu compte qu’il flottait !
Flotter,
c’est une chose, mais à condition de prendre le temps d’aborder ce nouvel
univers. Il est alors nécessaire de laisser son schéma corporel se réorganiser,
adopter de nouveaux repères pour évoluer sereinement dans l’élément aquatique.
Pour cela, tous les gestes brusques sont à bannir. « Vous devez
travailler à l’instinct, écouter votre corps et les émotions perçues pour
découvrir les sensations qui vous permettront de retrouver la confiance », conseillent
Profit et Lopez.
« Le rythme est d’une importance capitale :
inspiration hors de l’eau et expiration sous l’eau. Si vous inspirez sous l’eau,
c’est la tasse assurée, la quinte de toux et surtout le mal-être qui s’en
suit », poursuivent les auteurs de Vaincre la peur de l’eau. « Voilà
pourquoi il indispensable de travailler ses sensations dans l’eau, et notamment
la respiration qui régule les angoisses. »
Indispensable,
c’est certain, mais de manière progressive. Pas question de s’immerger dès la
première séance. « Le plus dur, ce fut d'apprendre à vaincre ma peur
en m'obligeant à mettre mon visage dans l'eau pour souffler dans l'eau »,
témoigne une hydrophobe sur son blog. « La première fois, je suis
restée moins d’une seconde, mais à force de répéter l’exercice, ma crainte de
suffoquer s’est s'estompée. »
« La
peur de perdre sa respiration est une angoisse archaïque liée à notre
naissance », conclut Daniel Zylberberg.« C’est petit à petit que
l’on peut la surmonter en se faisant accompagner et en commençant par
s’entraîner en petit bassin. » Après tout, un bébé n’apprend pas à
marcher du jour au lendemain !
A. C.
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