Xavier
Desharnais et Tomi Stefanovski ont touché la plaque en même temps. Plus d'une
heure plus tard, les deux nageurs ont été déclarés champions, ex aequo.
(PHOTO
GIMMY DESBIENS)
(Roberval)
La 60e édition de la Traversée internationale du lac Saint-Jean passera à
l'histoire. Pour la première fois depuis 1995, un Québécois est le roi du
Piekouagami, mais Xavier Desharnais doit partager son trône avec son ami, Tomi
Stefanovski.
Xavier
Desharnais est devenu le premier Québécois à soulever le trophée depuis
Alexandre Leduc alors que l'épreuve était de 40 kilomètres. L'égalité n'est pas
non plus une première, l'édition 1973 avait également couronné deux nageurs
avec l'Égyptien Ossama Rachad et l'Argentin Horacio Iglesias.
Dans
une finale mémorable et très stratégique, les deux nageurs ont touché la plaque
d'arrivée en même temps et ont par la suite été déclarés champion ex aequo
après une bonne heure de délibérations. Les nageurs au 32 kilomètres ne portent
pas de puce électronique, et les officiels ont évalué la situation avec les
bandes-vidéos en leur possession. Desharnais et Stefanovski,
un Macédonien, ont fait stopper le cadran après 7h09m08 d'efforts.
Desharnais menait dans l'entrée dans la rade, mais
Stefanovski a ouvert la machine dans les derniers mètres pour prendre les
devants. Sur le coup, Stefanovski semblait avoir un léger avantage, mais
c'était excessivement serré. «Les deux, on s'est vus toucher la plaque en même temps
», a confié Xavier Desharnais après l'annonce officielle.
« C'est un honneur de partager la première place avec
Tomi. C'est un ami. Tout au long de la course, je me disais que c'était un
surhomme. Il est vraiment incroyable», a-t-il louangé à propos du nageur de 43
ans, «son modèle».
Vainqueur l'an dernier, Tomi Stefanovski ne ressentait
absolument aucune déception de cette égalité qui semblait faire l'affaire de
tout le monde.
«C'est
la première fois que gagne avec un autre. C'est un
bon sentiment parce que Xavier est un ami. On s'est échangé la tête pendant une
bonne partie de la course alors je crois que c'est bien mérité, a-t-il raconté,
avouant qu'à la fin, il ne savait pas trop quoi penser. Nous avons touché la
plaque en même temps. J'étais tellement fatigué. Puis, j'ai vu Xavier célébrer
alors je ne savais plus quoi faire. On se disait tous les deux par après qu'une
égalité, c'était ''fair''», d'exprimer le cochampion
«J'étais
fier de ma course, peu importe le résultat. J'étais prêt à vivre avec la
décision, mais finalement j'ai gagné, on a gagné», a expliqué Xavier Desharnais
sur sa réaction à la fin de l'épreuve.
Les
deux athlètes étaient franchement exténués à la suite de cette fin
spectaculaire. Une fois sortis de l'eau, ils grelottaient et se sont dirigés
directement à clinique médicale. «J'étais vraiment épuisé, surtout après le
sprint final. On a vraiment tout donné», a assuré Xavier Desharnais, un
végétalien qui se promettait de célébrer cette victoire avec une bonne frite
bien graisseuse.
«C'était
dur, sans aucun doute », a convenu Tomi Stefanovski qui en était à sa dixième
participation.
Les
deux champions ne savaient pas s'ils allaient participer à la 61e édition en
raison de la tenue des Championnats du monde de natation en eau libre, l'été
prochain.
Course
enlevante
Quelques minutes après le début de la course, il
devenait clair qu'aucun record ne serait battu avec les conditions sur le lac
Saint-Jean avec du vent, des vagues et beaucoup de pluie au large. Un groupe de cinq nageurs s'est
détaché du peloton à partir du tiers de la course. En plus de Desharnais et
Stefanovski, le Macédonien Evgenij Pop Acev, l'Argentin Damian Blaum et le
Québécois Philippe Guertin ont animé le spectacle à l'avant pratiquement
jusqu'à la fin. Desharnais, Stefanovski et Blaum ont pris leurs distances alors
que les deux champions ont ensuite réussi à creuser un écart d'une dizaine de
secondes sur l'Argentin.
Tomi Stefanovski soulignait avoir très bien suivi son
plan de match, lui qui voulait rester dans un peloton du début à la fin. «Pour
l'orientation, c'est beaucoup plus facile. Si tu es seul, des fois tu ne sais
pas où tu t'en vas parce qu'il n'y a pas de balises», d'affirmer le double
champion qui a été félicité par son ami et ancien partenaire d'entraînement
Petar Stoychev, le véritable roi du lac avec 11 victoires consécutives entre
2001 et 2011.
DAVE
AINSLEY
Le Quotidien
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